Comment parler de la mort à son enfant ?

Qu’elle soit proche ou non de l’enfant, parler de la mort soulève de nombreuses questions : Que dire exactement ? Faut-il utiliser des métaphores telles que « il fait un long dodo » ou « il est monté au ciel » ? Ou devrait-on plutôt présenter la réalité, qui peut sembler parfois trop brutale ? Bien que la mort puisse être un sujet tabou, et malgré les efforts pour en protéger les jeunes, il est souvent inévitable qu’ils soient confrontés à cette réalité. Alors, comment aborder correctement le sujet de la mort avec son enfant ?

Quand les enfants prennent-ils conscience de la mort ?

Une première variable pour mieux appréhender les questions autour de la mort est l’âge de l’enfant. En effet, la vision de la mort évolue selon l’âge de l’enfant.

  • Avant 5 ans : À cet âge, la mort est perçue par l’enfant comme une simple absence, sans notion de permanence. Pour lui, la personne décédée n’est que temporairement partie et pourrait potentiellement revenir.
  • Entre 5 et 8 ans : Durant cette période, l’enfant commence à saisir le concept de la mort à travers des observations concrètes comme le manque de mouvement ou de réactions chez la personne décédée, associant ainsi la mort à l’immobilité et à l’absence de sensibilité.
  • À partir de 8 ans : L’enfant développe une compréhension plus mature de la mort, reconnaissant son caractère définitif. Il accepte que les personnes décédées ne reviendront pas et commence à intégrer la permanence de la mort dans sa conception du monde.

Contrairement à ce que certains parents peuvent penser, les enfants commencent donc à percevoir la notion de mort dès un jeune âge. Il est essentiel de reconnaître que la manière dont un enfant comprend ce concept peut varier considérablement. Il est donc crucial d’utiliser un langage clair et simple qui soit adapté à l’âge de l’enfant pour aborder ce sujet délicat.

Dire à un enfant de 4 ans que la personne décédée a fait un long voyage par exemple, va être vécu de manière factuelle par l’enfant puisque pour lui, la personne va revenir.

Comment expliquer la mort ?


Bien que l’âge et le choix des mots soient essentiels, il est tout aussi important de faire attention aux métaphores utilisées car elles peuvent prêter à confusion chez les enfants.

Je me souviens d’un cas où une mère expliquait le décès de la grand-mère à sa fille de six ans en disant qu’elle « faisait une longue sieste et ne s’était pas réveillée parce qu’elle était vieille ». Cette explication a engendré une peur intense chez l’enfant, craignant que sa mère, également perçue comme âgée (et à tort, mais c’est comme cela !), ne se réveille pas non plus. Les rituels du coucher, qui devraient être rassurants, sont devenus des moments d’angoisse, l’enfant cherchant à retarder l’endormissement de sa mère, de peur qu’elle ne cesse de vivre.

Les enfants peuvent prendre ces métaphores littéralement, associant parfois les activités quotidiennes à la mort, comme dans cet exemple avec la sieste. Dire que quelqu’un « est parti en voyage » peut également laisser un enfant dans un état d’incertitude et de confusion. Il est donc préférable d’opter pour des explications factuelles et simples, telles que « son corps a cessé de fonctionner », « il ne reviendra malheureusement pas » ou « il était très malade ».

Il est essentiel d’être factuel sans entrer dans des détails trop visuels, car cela peut éveiller un imaginaire qui, parfois, est source de traumatismes pour l’enfant. Par exemple, si la personne est décédée par des circonstances assez troublantes (suicide, maladie agressive, etc.) , on évitera de détailler précisément l’état du corps ou la scène des derniers souffles afin de ne pas brusquer l’enfant.

Il est également recommandé de signifier à votre enfant qu’il est libre de poser des questions s’il en a.  Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Le plus important est d’écouter l’enfant et de lui donner l’occasion d’exprimer ce qu’il ressent. 

A quel âge un enfant peut venir à un enterrement ?

La question de l’âge approprié pour qu’un enfant assiste à un enterrement dépend largement de son niveau de maturité individuel et de sa compréhension de la mort.

En général, les enfants âgés de 6 ans et plus sont souvent capables de comprendre le concept de la mort et peuvent être prêts à assister à un enterrement, à condition qu’ils soient préparés à ce qu’ils vont voir et vivre. Il est crucial que les parents ou les tuteurs expliquent à l’avance ce à quoi l’enfant peut s’attendre lors de la cérémonie, et qu’ils discutent ouvertement de ses émotions et questions.

Cela permet également à l’enfant par la suite d’exprimer son souhait ou non de participer ou contribuer à la cérémonie de manière symbolique, et donc de se positionner face à la réalité tout en étant protégé.

L’accompagnement par un adulte de confiance qui peut soutenir émotionnellement pendant cette expérience est aussi essentiel. Toutefois, pour les très jeunes enfants, notamment ceux de moins de 5 ans, il est souvent recommandé de les garder à l’écart des rituels funéraires, car ils peuvent être trop complexes et perturbants pour eux. L’important est d’évaluer la capacité de l’enfant à gérer les aspects émotionnels de la situation et de procéder avec compassion et compréhension.

Assister à l’enterrement avec un enfant

Si vous estimez que votre enfant est assez mature et prêt à se confronter à ce rituel, il est également essentiel d’adopter une approche flexible lorsque l’on envisage d’amener un enfant à un enterrement.

Les parents ne doivent jamais forcer un enfant à s’approcher du corps ou à participer activement à la cérémonie s’il ne se sent pas à l’aise. Il est important de laisser l’enfant décider de l’espace qu’il souhaite occuper lors de l’événement et de respecter son rythme et son besoin de traitement émotionnel.

De plus, il peut être judicieux de planifier à l’avance avec un adulte de confiance qui pourrait accompagner l’enfant hors de la cérémonie si celui-ci se sent mal à l’aise ou souhaite partir plus tôt.

Cette possibilité de se retirer facilement peut aider à réduire l’anxiété de l’enfant face à une expérience aussi intense et lui permettre de gérer la situation à son propre rythme, assurant ainsi son confort et son bien-être émotionnel durant ces moments difficiles.

Protéger son enfant en cas de décès : Risques

Vous l’aurez compris, l’explication inappropriée de la mort ou son absence totale peut entraîner des conséquences psychologiques significatives chez les enfants. Une explication trop vague ou métaphorique peut semer la confusion et l’incertitude, poussant l’enfant à imaginer des scénarios plus effrayants que la réalité, ou à développer des peurs irrationnelles, comme la crainte de dormir.

À l’inverse, une description trop explicite ou crue de la mort peut provoquer de l’anxiété, des cauchemars, et même des symptômes de stress post-traumatique chez les jeunes enfants. Le manque de communication sur la mort peut également conduire à des deuils plus complexes, à des troubles du comportement, tels que le retrait social, l’agressivité, ou des difficultés scolaires, car l’enfant peut se sentir isolé dans sa confusion et son chagrin. Il est donc crucial de trouver un équilibre dans la manière de parler de la mort avec les enfants, en adaptant la discussion à leur âge et à leur maturité émotionnelle, pour les aider à comprendre et à accepter cette réalité de manière saine et constructive.

Dans le doute, sentez-vous libre de faire appel à un psychologue sur Tournai.